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Fongicides céréales Un nouveau mode d’action arrive

Le marché s’est légèrement rétracté en valeur sur le blé en 2019, du fait d’une météo peu propice aux maladies, mais il a augmenté sur l’orge. L’époxiconazole et le chlorothalonil vont vivre leur dernière campagne en 2020, alors que l’arrivée d’une innovation se confirme avec le Revysol de BASF, performant sur septoriose (photo).Par Anne-Marie Laville

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Des impasses sur les premières protections, des céréales saines en début de cycle : la campagne n’a pas incité à renforcer la protection. Les symptômes de septoriose sont apparus souvent vers la mi-juin. La rouille jaune est arrivée plus tôt, avec des foyers à partir de mi-mai, si bien que des variétés sensibles ont été touchées, et que quelques symptômes sont également apparus sur des variétés annoncées tolérantes. La rouille brune s’est aussi manifestée en mai, favorisée par les températures chaudes, restant contrôlée par la protection fongicide. En 2019, la fusariose a été peu contaminante, dans la mesure où la floraison des blés a eu lieu le plus souvent dans le sec. La nuisibilité finale observée dans les essais de blé non traités est plus faible que d’habitude, entre 14 et 15 q/ha de perte de rendement en moyenne, contre 18 q/ha en moyenne pluriannuelle.

Bon retour sur investissement

Selon les acteurs du marché, le gain de rendement fongicide sur blé demeure toujours significatif. « Le retour sur investissement de la protection fongicide 2019 se situe selon nos calculs à 3,1 : soit 1 € investi en fongicide a permis de générer 3,10 € de chiffre d’affaires additionnel », observe Jérôme Tournier, de BASF. Il s’agit du gain généré par la protection fongicide, divisé par le coût fongicide en euros. Ce chiffre repère se situe dans la moyenne pluriannuelle : il était, en 2017 et 2018, respectivement de 2,3 et 4,4. Le marché fongicides n’évolue pas de façon identique selon les céréales. Il marque une légère baisse pour le blé, malgré l’augmentation des surfaces, et affiche une croissance des ventes sur l’orge. Concernant les principaux intervenants, BASF conserve la place de leader, avec environ 30 % de part de marché, devant Bayer et Syngenta (environ 20 %). Philagro se classe comme le 4e acteur du marché, grâce au développement de sa gamme « bromuconazole » (+ 55 %).

Le premier traitement représente toujours une part non négligeable des hectares déployés, 30 à 40 % selon l’espèce. Les applications de chlorothalonil et de triazoles au T1 sont notées plutôt en baisse en 2019 (- 15 % en ha). Les substitutions entre fongicides classiques et biocontrôle ont été plus nombreuses pour le premier traitement. En particulier, les utilisations de soufre micronisé auraient doublé, passant à 320 000 ha en 2019, contre 150 000 ha en 2018. Il faut rappeler que le soufre a obtenu une AMM en septembre 2018 sur septoriose du blé. En revanche, les surfaces traitées avec Vacciplant (laminaire) sont stables, autour de 200 000 ha en 2019, selon UPL-Arysta. Le soufre devrait poursuivre sa progression en 2020, du fait du retrait annoncé d’un fongicide multisite très utilisé, le chlorothalonil, qui reste encore disponible pour les agriculteurs en 2020. D’autres fongicides multisites vont être relancés en 2019-2020, notamment le folpel et le prochloraze. Enfin, une demande d’AMM est toujours en cours pour les phosphonates de potassium et de sodium, qui détiennent des propriétés intéressantes sur le blé.

Forte valeur du T2

Le recentrage des programmes au T2 se confirme encore en 2019, ce segment portant la plus forte valeur du marché fongicides. Selon les fournisseurs, la famille des SDHI, appliqués en majorité au T2, marque une progression de 8 % en 2019. Le Xemium de BASF demeure le premier SDHI du marché, avec 2,6 millions d’hectares, porté par la marque Librax qui revendique 1 Mha. Philagro observe de son côté une progression de Perf’Ultra, composée de Xemium, bromuconazole et tébuconazole. Parmi les produits SDHI en progression figure Elatus Era de Syngenta, qui marque une avancée de près de 50 % en hectares. « Elatus Era détient le spectre le plus large vis-à-vis des maladies sur le créneau du T2 », signale Anne-Sophie Le Gal, chef de marché Syngenta.

Pour la protection de l’épi au T3, les triazoles restent bien placées. Du fait de la rentabilité et de l’adaptabilité de ses « Tebuco Solutions », Nufarm annonce une hausse de sa part de marché basée sur ses solutions T3, Agata/Ampera. Même constat chez Philagro : « Soleil/Djembe/Sakura (bromuconazole + tébuconazole) ont progressé de 85 % en 2019, devenant le 5e produit du marché », relève Karine Poivet. Enfin, sur le segment des strobilurines, le F500 de BASF (pyraclostrobine) poursuit son développement, notamment sur orges, pour le contrôle de l’helminthosporiose.

Revysol de haut niveau sur septoriose

En 2020, les programmes fongicides vont subir un net changement. D’une part, on devrait observer le retour de plusieurs fongicides multisites. D’autre part, la nouvelle substance Revysol, et surtout la spécialité Revystar XL de BASF, vise 1,5 Mha de part de marché. Revysol se base sur une nouvelle matière active, l’isopropanol-azole, la première du genre dans la famille des triazoles. Pour isoler le meilleur profil, les chercheurs ont testé plus de 400 molécules analogues, en éliminant toutes celles qui peuvent interférer avec le métabolisme animal. L’efficacité de Revysol s’annonce de haut niveau, de l’ordre de 85 % sur la septoriose, selon les essais réalisés dans le réseau européen des instituts techniques. « Revysol est efficace sur l’ensemble des souches de septoriose et va ainsi apporter une solution attendue pour améliorer la gestion des modes d’action des fongicides céréales, annonce Jérôme Tournier, de BASF. Il est très efficace sur d’autres maladies des céréales, telles que les rouilles sur blés et la ramulariose sur orge. » De quoi redynamiser la prochaine campagne !

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